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Contexte

Le lieu qui n'existe en aucun lieu

          Observateur d’un chaos qu’il a lui même créé, les yeux de l’Homme parcourent le monde, ses éclats écarlates, ses profondes crevasses, son toit jadis bleu, parcouru de nuages différents de ceux de Mère Nature. L’Homme tue. De manière directe, l’arme pointée sur une tempe, le couteau sous la gorge, l’Homme fait couler le sang. L’Homme tue, de manière indirecte, creusant la couche d’ozone, détruisant des écosystèmes. L’Homme pousse à la mort, par un manque certain de tolérance, l’Homme pousse au vice par le pouvoir de la manipulation.

Bouton

        Et l’Homme observe. Il observe, s’étendant sur des kilomètres, sur des générations, les conséquences de ses actes, l’effet papillon, attendant patiemment le retour de flamme pour accuser le monde de tous ses maux. L’Homme fait des erreurs, les réalise et les reproduit. C’est ça, que fait l’Homme : agir comme un demeuré.

         C’est sur cette base qu’ils s’étaient fondés, qu’ils s’étaient réunis pour quitter leur pays de naissance : la Corée du Sud. La politique à la limite d’une dictature, les esprits fermés, les rîtes et traditions qui enfermaient les gens dans une boucle qui n’avait de cesse de se répéter sans que personne ne tente d’y faire quoi que ce soit. C’est ce qu’ils avaient fui, pour leur bien peut être, par égoïsme quelque part, pour élever leurs enfants comme ils le souhaitaient finalement, dans cette cité perdue, territoire inhabité qui n’appartenait à aucune contrée. Le projet était beau, posé sur des fondements solides dans une faune vaste qui servait de décor paradisiaque à l’archipel, dévoré en hiver par des vents sibériens, apprécié en été par une douce chaleur équatoriale.

        Tout était beau, tout était parfait. L’Homme était patient, l’Utopie grandissait, dans ce lieu où régnait la joie, sur cet ensemble de terres flottant sur l’océan. Lentement, apparaissaient des constructions, créées par la solidarité, la main de l’Homme, des endroits où vivre. Mais pourquoi ceux qui n’ont pas construit auraient ils le droit d’y vivre ? Se nourrir était aisé dans cette accueillante faune, la pêche était sûrement le plus efficace. Mais pourquoi ceux qui ne pêchaient pas auraient ils le droit de s’en nourrir ? L’éducation était primordiale, dans cet endroit où la fécondité semblait accrue, s’ouvraient des établissements pour enfants de tout âge. Mais pourquoi les enfants de ceux qui n’ont pas participé auraient le droit d’y étudier ? Sur ces terres qui ne connaissaient nulle avarice, était née la monnaie, entraînant à sa suite un commerce qui poussaient les personnes à travailler, à gagner leur vies pour pouvoir se nourrir, pour trouver un endroit où habiter, pour accéder à l’éducation.

       L’utopie lentement s’écroulait, sous le regard observateur de l’homme qui, lui même, avait initié sa perte. Des années passaient, la population de Kimela s’étendait, si bien qu’elle touchait l’étranger, attirait l’immigration. Des personnes s’installaient, des familles grandissaient, des amitiés naissaient, à la même vitesse que les classes sociales, qui classaient les pêcheurs bien loin des constructeurs immobiliers, qui étaient sûrement les Rois.

Ils l’étaient jusqu’à ce jour. Personne n’avait su qui ils étaient : ils étaient arrivés en nombre. Ils en avaient après l’archipel pour une simple raison : son climat, idéal pour faire pousser des fleurs de coca, dans un lieu qui n’était sous aucune juridiction nationale, si ce n’est la leur. Ils se l’étaient attribués et bien vite, avaient laissé leur mafia se répandre comme une plague qui touche à tout âge. Il ne leur avait fallu que quelques courtes années, pour devenir les maîtres de ce paradis, qui n’en était plus tant un. Les anciens rêvaient d’une justice sur ce bel endroit qui ressemblait présentement à une métropole corrompue en plein centre de l’océan, où le choix était simple : obéir ou mourir.

La Hakai-10, aussi appelée Kaijū, HK10, ou par son nom entier Ōkibo Hakai 10, est un nom qui n’est plus à faire en Asie du Sud-Est. Originaires du pays du soleil levant, née dans les rues du quartier d’Ōji, c’est aux quatre coins de l’Asie que sont recrutés les membres au plus jeune âge, formés pour l’intégration du groupe qui semble former une grande famille. Les rites de passage sont parfois violents, pour tester la force d’esprit de ses membres. Habile au combat au corps à corps, la puissance de la Hakai est sa force d’armements, ainsi que la qualité de sa cocaïne qui est exportée avec une aisance surprenante à travers le monde.

Depuis maintenant une trentaine d’années, la Hakai-10 règne en maître sur Kimela. Les membres sont craints par la plupart, et les trafics, loin d’être discrets, sont monnaie courante. Les membres de la HK10 sont soumis à certaines règles par leur chef, qui malgré leur nombre, les connaît tous de manière personnelle. Il n’hésite en aucun cas à sévir pour faire asseoir son autorité et instaurer le respect par la crainte sur l’archipel. Tout l’île Est appartient à la Hakai, comprenant le quartier général de la mafia, mais également plusieurs logements qui ne sont assignés qu’aux membres de la mafia. Ils sont cependant obligés de rejoindre le reste de l’archipel pour tout autre chose que leur logement.

Les habitants de Kimela étaient autrefois appelés les Dansunhan, signifiant les “simples” en coréen. Cet appellation a fait son retour à l’arrivée de la mafia qui a pris le dessus sur l’île. Perdus entre une utopie fêlée et une crainte constante, les Dansunhan ont été autorisés à vivre avec aisance sous les lois des HK10. Leurs constructions, leurs commerces et leur éducation ne leur ont en aucun cas été retirés, et tant qu’ils obéissent, ils peuvent même vivre dans un environnement agréable qui reste unique à travers le monde.

 

Les origines ne comptent pas dans ce lieu qui semble être au milieu de nulle part, bien que priment les traits asiatiques, mais les personnalités se mêlent dans les âges, les relations d’amitié, d’amour et de haine rythmant la vie des habitants de cet endroit plutôt agréable.

dansunhan
hakai-10

« Tu parl'ras mieux avec un glock dans la bouche. »

« Un bonheur délicat sur une base de crainte. »

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